• Jonathann Daval condamné à vingt-cinq ans de prison

     

    Plus tôt dans la journée, l’avocat général, Emmanuel Dupic, avait requis la réclusion criminelle à perpétuité pour un « crime presque parfait ».

     

    Jonathann Daval et son avocat Randall Schwerdorffer, le 21 novembre.Jonathann Daval et son avocat Randall Schwerdorffer, le 21 novembre. ZZIIGG / AFP

     

    Au terme de six jours de procès intense et hypermédiatisé, Jonathann Daval a été condamné samedi 21 novembre par la cour d’assises de la Haute-Saône à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme, Alexia. A l’énoncé du verdict, rendu après environ deux heures et demie de délibéré, l’accusé est resté calme et impassible. Jonathann Daval ne fera pas appel de cette décision de la cour d’assises de la Haute-Saône, a annoncé une de ses avocats, Me Ornella Sportafora.

    Ce verdict est inférieur aux réquisitions de l’avocat général, qui avait réclamé dans la matinée la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de l’informaticien de 36 ans. Emmanuel Dupic, avait alors qualifié le crime de « presque parfait ».

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    « C’est une très bonne décision, exactement ce que j’espérais, à la hauteur de notre souffrance, ça va nous permettre de tourner une page », a réagi Isabelle Fouillot, la mère d’Alexia, à l’issue du délibéré. « Si elle nous regarde là-haut, c’était juste pour elle ce combat, j’espère qu’aucun d’entre vous, aucun Français ne l’oubliera », a-t-elle ajouté, la voix étranglée par l’émotion.

    « C’était trois ans de combat et nous sommes arrivés à la fin du combat, ça va nous permettre de tourner une page et de passer à autre chose, on va essayer de se reconstruire », a poursuivi Mme Fouillot. Ça a été « trois ans de calvaire, trois ans de combat qui ont été très durs, et on est content d’arriver au bout, la justice a bien fait son travail, a compris notre douleur et a compris le massacre d’Alexia », a poursuivi son époux, Jean-Pierre. « On a hâte de se retrouver ensemble et de retourner à une vie plus normale, on aspire à plus de sérénité », a estimé Stéphanie, la sœur d’Alexia.

    « Cette décision sera regardée »

    « J’en appelle à votre courage, a lancé M. Dupic samedi matin à l’intention des jurés. Du fait de la médiatisation de cette affaire, cette décision sera regardée. » « Vous allez évidemment répondre oui aux deux questions : c’est le conjoint qui a tué et il y a l’intentionJe crois (…) qu’il l’a tuée parce qu’Alexia voulait le quitter, tout simplement », a poursuivi l’avocat général. Le soir du drame, « elle lui a signifié (…) qu’elle allait partir et ça, ça n’est pas possible dans la construction de Jonathann Daval ».

    « Difficile de suivre Jonathann dans une dispute, une crise, une violence d’Alexia », comme le soutient l’accusé, qui a reconnu pendant le procès l’intention d’homicide. « Par contre, la séparation, le départ intolérable, il apparaît plausible », notamment après les auditions à la barre d’amis du couple qui ont évoqué leurs « difficultés », un « couple qui ne marchait plus », a encore estimé M. Dupic.

    « La place prise par Jonathann dans la famille d’Alexia fait qu’il ne peut pas accepter la séparation », a poursuivi M. Dupic, qui a dépeint l’accusé en « manipulateur » et en « menteur »« Un monde s’écroule pour Jonathann Daval. Alexia met fin à la relation » et « le scénario c’était ça, on ne devait pas retrouver le cadavre, Jonathann restait dans cette famille », a encore déclaré M. Dupic, ce qui expliquerait pourquoi il a caché le corps dans un bois et, surtout, qu’il a tenté de l’incinérer. « La vérité n’est pas entendable : c’est épouvantable de tuer une femme parce que vous ne voulez pas qu’elle vous quitte », a dit l’avocat général.

    Jonathann Daval a reconnu pendant son procès avoir tué intentionnellement son épouse.Jonathann Daval a reconnu pendant son procès avoir tué intentionnellement son épouse. ZZIIGG / AFP

    « Tout ce qui fait l’affaire Daval, c’est la médiatisation »

    Après lui, les avocats de la défense ont pris la parole, estimant que le meurtre d’Alexia était la conséquence du « coup de sang » d’un « homme ordinaire », selon Me Randall Schwerdorffer qui a mis en garde contre une « boucherie judiciaire ».

    Ce meurtre n’était « pas prémédité, pas réfléchi », a-t-il lancé, plaidant une violente dispute entre les deux époux, aux prises avec d’importants problèmes de couple : troubles de l’érection pour lui, désir d’enfant inassouvi pour elle, lourdes difficultés de communication entre les deux. « On ne juge pas un féminicide ici, on juge le meurtre de Jonathann sur Alexia », a-t-il martelé.

    « La perpétuité c’est une peine qu’on prononce pour les criminels les plus dangereux de la société : Francis Heaulmes, Michel Fourniret, Marc Dutroux, Guy Georges… Quel est le point commun avec Jonathann Daval ? Aucun. Si, la médiatisation », a poursuivi Me Schwerdorffer, qui a arpenté la cour d’assises faisant face aux jurés.

    « Jonathann est effectivement un criminel. Il ne le conteste pas, vous allez le juger. Mais un jugement ce n’est pas une vengeance. Ce qu’on vous réclame, sur les bancs des parties civiles, c’est une vengeance, à cause des médias, des mensonges, parce qu’il a trahi ses beaux-parents (…). Tout ce qui fait l’affaire Daval, c’est la médiatisation », a-t-il insisté.

    Sa consœur, Me Ornella Spatafora, a quant à elle rejeté toute « dangerosité criminologique » de son client, exhortant les jurés à prononcer « une peine juste » qui « sanctionnera Jonathann pour ce qu’il a fait et l’homme qu’il est ».

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    Interrogé par le président de la Cour, Matthieu Husson, pour savoir s’il avait une dernière chose à dire, M. Daval s’est ensuite levé et avait répondu « oui ». Il s’est tourné vers les parents d’Alexia, les a fixés et, après un bref silence, a déclaré : « Pardon. Pardon », avant de se rasseoir. Jonathann Daval avait déjà présenté ses « excuses » aux parties civiles à l’ouverture lundi du procès, émotionnellement très intense. « C’est peut être pas adapté, mais je voudrais d’abord avoir des excuses, même si c’est pas excusable ce que j’ai fait », avait déclaré le trentenaire, la voix étranglée par l’émotion.

    Une « peine à la hauteur » des « souffrances »

    Jonathann Daval, informaticien de 36 ans, a reconnu pendant son procès avoir tué intentionnellement son épouse. « J’ai plus d’avenir (…). Je dois payer pour les actes que j’ai commis », avait admis vendredi le trentenaire émacié aux allures de frêle adolescent, victime mercredi soir d’un malaise vagal en plein interrogatoire.

    Alexia Daval, une employée de banque de 29 ans, avait été retrouvée morte dans un bois de Haute-Saône le 30 octobre 2017. C’est son mari, Jonathann, qui avait donné l’alerte en premier, affirmant que son épouse n’était jamais rentrée de son jogging. Il avait été arrêté en janvier 2018 après s’être comporté en veuf éploré pendant trois mois. Après de multiples revirements, il avait reconnu le meurtre de sa femme au cours d’une violente dispute conjugale ainsi que la crémation de son corps.

    Vendredi soir, les parties civiles avaient réclamé une « peine à la hauteur » des « souffrances » endurées par les proches d’Alexia, avait plaidé l’un de leurs avocats, Gilles-Jean Portejoie, évoquant les multiples revirements de Jonathann Daval qui avait un temps mis en cause sa belle famille, avant de s’accuser de nouveau.

     

    J. Calabrese


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